"Non hai che questo tempo"
L'ephemere
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Frêle création de la fuyante aurore,
Ouvre-toi comme un prisme au soleil qui le dore,
Va dire ta naissance au liseron d' un jour,
Va ! Tu n' as que le temps de deviner l' amour !
Et c' est mieux, c' est bien mieux que de le trop connaître,
Mieux de ne pas survivre au jour qui le vit naître.
Happe sa douce amorce, et que ton aile, enfant,
Joue avec ce flambeau ! Rien ne te le défend.
Né dans le feu, ton vol en cercles s' y déploie
Et sème des anneaux de lumière et de joie.
Le fil de tes hasards est court, mais il est d' or !
Nul regret ne pendra lugubre sur ton sort,
Nul adieu ne viendra gémir dans l' harmonie
De ton jour de musique et d' ivresse infinie ;
Ce que tu vas aimer durera tes instants ;
Tu ne verras le deuil ni les rides du temps.
P257
Les feuillets de ton sort sont des feuilles de rose.
Fiévreuse de soleil et d' encens, quel destin !
Atome délecté dans le miel qui l' arrose,
Sonne ta bien-venue au banquet du matin.
Je t' envie ! Et Dieu t' aime, innocent éphémère.
Tu nais sans déchirer le beau flanc de ta mère ;
Ce penser triste et doux ne te fait point de pleurs :
Il ne t' impose pas comme un remords de vivre.
Tu n' as point à traîner ton coeur lourd comme un livre.
Heureux rien ! Ta carrière est au bout de ces fleurs.
Bois ta vie à leur âme, et que ta prompte haleine
Goûte à tous les parfums dont s' abreuve la plaine.
Hâte-toi ! Si le ciel commence à se couvrir,
Une goutte de pluie inondera tes ailes :
Avant d' avoir vécu, tu ne veux pas mourir,
Toi ! Les fleurs vont au soir : ne tombe qu' après elles.
Bonjour ! Bonheur ! Adieu ! Trois mots pour ton soleil.
Et pour nous, que de nuits jusqu' au dernier sommeil !
Le long vivre n' apprend que des fables railleuses.
Tristement recueillis sous nos ailes frileuses,
Nous épions l' espoir, qui n' ourdit qu' un regret :
Et l' espoir n' ouvre pas sa belle chrysalide,
Et c' est un fruit coulé sous son écorce vide,
Et le vrai, c' est la mort ! -et j' attends son secret.
Oh ! Ce sera la vie. Oh ! Ce sera vous-même,
Rêve, à qui ma prière a tant dit : je vous aime.
Ce sera pleur par pleur, et tourment par tourment,
Des âmes en douleurs le chaste enfantement !
Elegia di Marceline Desbordes-Valmore, 1819-1833 pubblicata da Auguste Lacaussade
L' efèmera
Fragile creazione della sfuggente aurora,
apriti come un prisma al sole che lo dora,
annuncia la tua nascita alla campanula di un giorno,
vai! Non hai che questo tempo per indovinare l’amore!
E questo è meglio, molto meglio del troppo sapere,
meglio non sopravvivere al giorno che lo vide apparire.
Afferra la sua dolce esca, e la tua ala, fanciullo,
giochi con questa fiamma! Non difenderti.
Nato nel fuoco, il tuo volo in cerchi si spiega,
e traccia anelli di luce e di esultanza.
Corto è il filo della tua sorte, ma d'oro!
Nessun rimpianto peserà lugubre sul tuo destino;
nessun addio spezzerà gemendo l'armonia
del tuo giorno di musica e d'ebbrezza infinita;
quel che ami durerà quanto i tuoi istanti;
lutto non conoscerai né le rughe del tempo.
Le pagine della tua sorte sono petali di rosa
bruciante di sole e d'incenso, o quale destino!
Atomo deliziato del miele che l’irrora,
intona il benvenuto al banchetto del mattino.
T’ invidio! E Dio ti ama, efèmera innocente.
Nasci senza straziare il grembo di tua madre;
pensiero dolce e amaro non ti procura pianto:
non t’impone il rimorso della vita.
Tu non devi trascinare il tuo pesante cuore come un libro.
Solo felice! La tua corsa finisce dove finiscono i fiori.
Bevi alla loro anima la vita, e il tuo respiro rapido
assapori tutti i profumi che la pianura beve.
Affrettati! Se il cielo comincia a coprirsi,
una goccia di pioggia inonderà le tue ali:
prima di aver vissuto, non vuoi morire.
Si! I fiori arrivano a sera: cadrai dopo di loro.
Buongiorno! Felicità! Addio! Tre parole per il tuo giorno!
E per noi, quante notti prima dell'ultimo sonno!
Una lunga vita insegna solo favole beffarde.
Tristemente raccolte sotto le nostre ali intirizzite,
Spiamo la speranza, che tesse solo un rimpianto:
e la speranza non apre la sua bella crisalide;
e del frutto non rimane che la scorza vuota;
e il vero, è la morte! – E io attendo il suo segreto.
Oh! Sarà la vita. Oh! Sarai tu stesso,
sogno, a cui la mia preghiera tanto ha detto: ti amo.
Sarà, lacrima dopo lacrima, e tormento su tormento,
il puro parto delle anime sofferenti!
Traduzione di Santa
dedicata al vecchio Passe
L'efèmera ha grandi ali trasparenti e lucide per vivere una vita brevissima...
- In apertura post, foto di un'efemera in un giorno di freddo e pioggia realizzata da Moises Garcia Diaz qui